Une conciliation ayant échoué avec Renault Trucks (groupe Volvo), qui exploite les lieux aujourd'hui, un procès a eu lieu en 2019 devant le conseil des Prud'hommes de Lyon. Le litige n'avait pas pu être tranché et l'affaire a été renvoyée devant un juge départiteur qui rendra sa décision aujourd'hui.
"La crainte (...) c'est que la direction joue la montre"
"On attend que la justice reconnaisse la responsabilité de l'entreprise et qu'elle contraigne l'entreprise à indemniser correctement les salariés", explique Jean-Paul Caret, président de l'association Prévenir et Réparer qui vient en aide aux victimes d'accidents collectifs.
"La crainte qu'il y a aussi, c'est que la direction joue la montre alors qu'on a déjà une quarantaine de plaignants qui avaient déposé un dossier et qui sont décédés", poursuit-il. "Ce n'est pas la peine d'attendre encore !"
À l'audience, la partie adverse avait plaidé que seuls deux secteurs de ce site industriel d'environ 79 hectares étaient exposés à l'amiante : pour elle, tous les employés ne sont pas concernés. Rappelant qu'avant 1997, ce matériau n'était pas interdit, elle avait estimé que l'employeur ne pouvait pas avoir connaissance du risque encouru.
Un argument que refuse d'entendre Jean-Paul Caret. Pour lui, tous les salariés doivent être jugés de la même manière. Car même si tout le site n'était pas amianté, les employés circulaient entre les différents secteurs de l'usine et ont donc forcément été exposés.
Les plaignants espèrent une reconnaissance de leur préjudice, chiffré à 15.000 euros chacun par leur avocat, soit 18 millions au total. Le jugement dira si le préjudice d'anxiété est reconnu, et s'il est le même pour chacun des 1.200 plaignants.
Si ce n'est pas le cas, leur avocat se réserve la possibilité de faire appel. Le dossier est, de toute façon, loin d'être refermé puisque 200 autres cas sont toujours en cours d'examen par la justice.