En concert privé Impact FM, le chanteur de 75 ans, qui a sorti un nouvel album, L'Impermanence, en 2024, a profité de l'occasion pour s'arrêter à notre micro et se replonger quelques années en arrière, de sa collaboration avec Jacques Dutronc en passant par celles avec Claude François et Serge Gainsbourg, sans oublier un souvenir mitigé à Lyon. Interview.
Comment votre collaboration avec Jacques Dutronc a-t-elle influencé votre carrière musicale ?
"Je l'ai accompagné pendant deux ans et demi au début de sa carrière. On travaillait beaucoup. J'aimais beaucoup le personnage qui était totalement décalé par rapport à son activité. Il était très heureux de nous amuser, nous, ses musiciens. J'ai compris qu'on pouvait faire les choses bien sans se prendre au sérieux."
Quel souvenir vous gardez de votre travail au sein du label de Claude François ?
"C'était une période intense, on travaillait beaucoup dans un petit studio d'enregistrement. On passait nos journées à écrire des chansons en espérant que Claude ait envie de les enregistrer. Ça n'a pas été le cas, malheureusement, parce qu'il nous faisait confiance, mais tant qu'on n'avait pas réussi à démontrer qu'on était capables d'avoir un succès, il préférait demander à des gens qui avaient des succès au hit-parade. Mais il a fait la chanson "My Way" qui avait été traduite en anglais par Paul Anka et ce dernier était repassé à Paris quelques années plus tard, au bureau de Claude François, pour essayer de voir s'il n'y avait pas une autre chanson à glaner. Et une chanson qu'on a faite et présentée à Claude, qu'il avait refusé d'enregistrer, a été remarquée par Paul Anka, qui est parti aux États-Unis et en a fait une version lui-même. À ce moment, Claude s'est senti un peu bête et l'a enregistrée à son tour."
Avez-vous une anecdote à nous partager sur la création de "Manureva" avec Serge Gainsbourg ?
"Lors d'un dîner, Serge et un skipper ont parlé du "Manureva", le bateau d'Alain Colas qui a complètement disparu en mer. Et donc, Serge a capté le mot "manureva", l'a fredonné sur la musique "Adieu California" et m'a rappelé le lendemain matin pour me soumettre l'idée. Et c'était une très bonne idée. Je trouvais qu'il y avait une plus grande cohérence entre la musique et le texte qu'on évoquait."
Serge Gainsbourg, Claude François, Jacques Dutronc… Que retenir de ces collaborations ?
"Je dirais que Dutronc, c'était la désinvolture, mais avec de l'ironie et un charme fou. Claude François, c'était plutôt la rigueur, le professionnalisme. Et Serge Gainsbourg, c'était plutôt l'artiste qui avait besoin d'une certaine exigence dans ce qu'il écrivait. Les trois m'ont marqué pour des raisons différentes, et je crois que j'ai été un peu inspiré par les trois."
Que pensez-vous de la scène musicale française aujourd'hui ?
"C'est très variable entre les artistes créatifs et d'autres qui sont dans le mainstream et qui font des choses pas très intéressantes, de mon point de vue. J'apprécie notamment le travail d'un jeune, Flavien Berger, ou encore de Voyou qui sont des gens qui ont une singularité."
"Une salle gigantesque mais avec très peu de gens à l'intérieur"
Avez-vous une anecdote à nous faire partager à Lyon ?
"Elle n'est pas à mon avantage. Sur ma première tournée après "Manureva", dans les années 1980, j'étais passé au Palais d'hiver, qui n'existe plus, et on s'est retrouvés dans une salle gigantesque mais avec très peu de gens à l'intérieur."
Quelle est votre chanson qui vous ramène instantanément à un moment précis de votre vie ?
"Elles sont toutes liées à des moments de ma vie. Le premier moment où j'ai chanté les premières chansons de répertoire qui étaient écrites pour Claude, c'était dans les années 1970. J'ai fait neuf 45 tours, et huit au moins ont eu un gros succès. L'autre moment marquant, c'est "Manureva"; en 1979-1980, qui a été un énorme succès."
Avez-vous un souvenir marquant d'une chanson chantée en famille ?
"C'étaient des chansons d'une autre époque. J'avais des réunions de famille et un oncle qui chantait "Le temps des cerises", une chanson assez mélancolique."