"C'est une aventure humaine, une histoire de vie", a ajouté le directeur général des Hospices Civils de Lyon, Raymond Le Moign.
Amputé des deux bras après un grave accident
Une opération pareille, les soignants l'ont redit, ne peut s'imaginer sans avoir la pleine détermination et le consentement du patient. Cet acte médical peut toujours entraîner de sérieuses complications. Certains patients amputés préfèrent utiliser des prothèses, plutôt que d'opter pour la greffe.
Mais cette intervention, Félix Gretarsson la voulait, plus que tout. En 1998, sa vie bascule alors qu'il est âgé de 26 ans. Victime d'un grave accident sur une ligne à haute tension, le jeune électricien islandais tombe dans le coma. Il se réveillera trois mois plus tard, s'en sort avec de multiples fractures et une amputation des deux bras.
En 2007, il provoque une rencontre avec le professeur lyonnais Jean-Michel Dubernard, pionnier mondial de la greffe de mains. Toute l'Islande se mobilise alors pour lever des fonds et rendre l'opération possible. Félix s'installe à Lyon en 2013, se met en quête d'un donneur compatible.
Un orchestre où chacun joue sa partition
"Le but est d'apporter au receveur très exactement ce qui lui manque, sur tous les tissus qui composent le membre supérieur : os et articulations, artères, veines, nerfs, muscles et tendons, couverture cutanée. Le caractère multi-tissulaire de cette greffe lui donne son nom de greffe composite", explique le Dr Gazarian, responsable médical de l'intervention.
"Cela fonctionne comme un orchestre, il faut que chacun joue sa partition", poursuit-il.
La coopération des équipes est un élément clé, "une alliance", qualifie les médecins. Et puis il y a le défi du temps, ne pas laisser trop longtemps l'organe sans vascularisation... Avant de se charger des différents raccordements, avec toujours un temps limité.
Pour éviter au maximum le risque de rejet après la double greffe, Félix continue de prendre son traitement d'immunosuppresseurs qu'il prenait déjà pour une greffe du foie.
Démarre alors "une nouvelle ère", expliquent les soignants, celle de la rééducation. Deux kinésithérapeutes voient Félix matin et soir.
"Je suis heureuse qu'il ait pu réaliser son rêve"
Les chirurgiens ne promettent rien sur un usage des mains. L'objectif qu'ils espèrent déjà atteindre, c'est la flexion des coudes. Un tel événement n'interviendra sans doute pas avant neuf mois. Les tests de sensibilité et de motricité seront quant à eux réalisés tous les mois de la première année, puis tous les 6 mois.
"Je suis tellement reconnaissante, je sais qu'il est entre de bonnes mains", a précisé Sylwia, sa compagne. Félix l'a rencontré en France lors de son arrivée à Lyon. "Je l'ai vu tout à l'heure, il va très bien et n'a pas de douleur. Je suis heureuse qu'il ait pu réaliser son rêve", a-t-elle enfin ajouté.
Découvrez ici la vidéo de l'intervention.