LYON : UNE ENTREPRISE SOLIDAIRE POUR DES SALARIÉS ÉLOIGNÉS DE L'EMPLOI

"Je suis très fière, très heureuse d'être dans cette équipe et de voir que le quartier va reprendre une activité", sourit Ofelia. Mariée et maman de deux petites filles, elle cherche du travail depuis cinq bonnes années. "On ne m'a pas toujours donné de suite... Parfois on me disait que ce serait compliqué de concilier ma vie familiale et le travail."

Elle fait aujourd'hui partie des 12 salariés embauchés en CDI par l'entreprise solidaire Plaine Santy Actions.


Une entreprise pas tout à fait comme les autres, qui recrute les volontaires sans expérience particulière, diplôme ou qualification précise. Les salariés sont ensuite payés au SMIC, choisissent un temps-plein ou un temps-partiel. Le dispositif est financé par les collectivités locales, la Métropole et l'État.

Développé en France depuis 2016, le dispositif "territoire zéro chômeur de longue durée" s'est implanté dans une trentaine d'endroits. Après Saint-Jean à Villeurbanne et Arsenal - Carnot-Parmentier de Saint-Fons, c'est le troisième projet sur la Métropole de Lyon.

Maraîchage, friperie... Les activités qui vont se développer font partie de l'économie sociale et solidaire et ne doivent pas entrer en concurrence avec les entreprises privées du coin. Pendant deux ans, avant que n'ouvre l'entreprise Plaine Santy Actions, les équipes sont allées à la rencontre des habitants et des acteurs du quartier.


"Ce n'est pas le travail qui manque, c'est l'emploi", veut rappeler Jean-Charles Rocamora, président de Plaine Santy Actions. "Il existe des freins qui sont divers... De la discrimination notamment, plusieurs salariés sont d'origines étrangères. Certains ont été malades, ont connu des difficultés. Mais ils ont tous des compétences."

Les salariés pourront s'essayer à différents postes dans l'entreprise, jusqu'au jour où ils décideront de la quitter pour rejoindre une entreprise classique. "Une fantastique aventure humaine", a salué le maire du 8e Olivier Berzane. Plaine Santy Actions espère embaucher 70 salariés sur cinq ans. Le lieu sera ouvert de 8 heures à 18 heures tous les jours à compter de ce lundi 19 septembre.

Cette expérimentation ne fait pour autant pas l'unanimité. Avant-même que ne soit lancé le projet, la CGT appelait plutôt à "l'embauche massive dans les entreprises publiques ou privées du territoire", regrettant au passage que les entreprises solidaires imposent une flexibilité trop importante tout en versant des salaires correspondant à "un détournement des différentes caisses de la sécurité sociale."

Le syndicat prévenait ainsi dans son communiqué : "la CGT restera vigilante et s'opposera à l'élargissement de l'expérimentation sur Lyon."