Travailler la lumière, les couleurs, les symboles
Désormais à la station Brotteaux, chaque arrêt du métro est symbolisé par un pictogramme : un stade pour Gerland, des tours pour la Part-Dieu... "C'est un repère visuel, mémoriel, qui associe une station à un élément de son environnement proche", explique Guillaume Bourdon, designer du projet. "Pour conduire, on a un code de la route, mais pour les transports en commun, il n'y a pas de notice ! C'est ce qu'on a voulu faire. L'objectif, c'est que les personnes se sentent rassurées."
En lien avec le Sytral, Kéolis et la SNCF, d'autres aménagements ont été réalisés : notice explicative dans le hall, places réservées sur le quai, sens de la circulation fléché... Une appli peut aussi être téléchargée en flashant un QR Code pour obtenir diverses explications : comment acheter un ticket, comment passer les portiques, etc.
Un espace de repos, avec lumière apaisante et protection du bruit doit aussi être finalisé. "Je prends souvent le métro à des heures d'affluence. Là, je sais que je pourrai me poser, attendre que le quai se vide pour descendre", explique Charles, 20 ans, autiste asperger et contributeur du projet porté par le collectif d'entrepreneurs lyonnais Les Traducteurs.
Les transports, toujours "un frein" à l'emploi pour les personnes autistes
Si les retours sont positifs, cette expérimentation qui doit commencer en avril pourra sûrement s'étendre à d'autres villes. "C'est tout l'objet de mon déplacement, dire à quel point ce dispositif est innovant et qu'il est important de le soutenir", a indiqué Claire Compagnon, déléguée interministérielle à l'autisme et aux troubles du neuro-développement.
Le projet devait concerner toute la ligne du métro B à l'origine, mais le Covid a largement compliqué la donne. D'autres préconisations n'ont pas été retenues comme la mise en place de clignotants lumineux pour indiquer les arrêts dans les rames (comme à Paris) ou encore, l'abaissement de certains signaux sonores particulièrement agressifs...
"Il y a encore beaucoup à faire, nous ne pouvons pas dire aujourd'hui que nous vivons dans une société inclusive. Mais le travail fait sur la signalétique est très intéressant. Souvent, le problème que nous avons, c'est que notre cerveau traite toutes les informations au même niveau ce qui est très fatigant", explique Magali Camilla, présidente de l'association AspiJob qui accompagne des personnes autistes vers l'emploi. "Et l'un des premiers freins à l'emploi justement, ce sont les transports. Là, on a quelque chose de concret !"