Un trio de base : Chémédikian et deux policiers
Un chemin qu'il a emprunté après une rencontre. "Je faisais des travaux dans la résidence secondaire en Ardèche de Don-Jean Giovanetti, enquêteur de police au commissariat du 3e arrondissement de Lyon. Et de fil en aiguille, on a commencé à parler braquage. Il a tout de suite été partant et a ramené Michel Lemercier, sous-brigadier de police. On a commencé comme ça", raconte celui qui a grandi à Décines, à la Cité de la Soie et qui avait déjà connu la prison pour cambriolages et recels avant de basculer dans le grand banditisme dans ce "gang des ripoux".
Il évoque ses quelque soixante braquages, entre 1985 et 1990, essentiellement dans des PMU ("parce que les gens jouaient beaucoup et qu'il y avait beaucoup de cash à l'époque"), mais aussi les convois de fonds, avec des conséquences dramatiques parfois (un témoin tué à Genas en 1987, deux convoyeurs de fonds abattus à Firminy en 1989). L'équipe s'étoffe, d'autres policiers arrivent au gré des missions. "Le commissariat du 3e arrondissement à ce moment-là, c'était un sacré bordel ! Certains détestaient la police ! Et puis, Lemercier détenait des photos du commissaire avec sa maîtresse, alors il le tenait..."
Son enfance heureuse malgré le peu d'argent, son passé de syndicaliste, ses braquages et ses quelques sueurs froides ("un jour, alors que le coffre de la voiture était plein d'armes en revenant d'un braquage qu'on n'avait pas pu faire, on se fait arrêter par un contrôle de gendarmerie. Mes deux collègues ont sorti leurs cartes de police et on nous a laissés passer..."), le recrutement des policiers, son arrestation par le commissaire Neyret : Alain Chémédikian raconte tout. Enfin presque : "il y a certains braquages pour lesquels on ne s'est pas fait attraper. Et certains policiers, qui étaient avec nous sur certaines missions, n'ont jamais été interpellés..."
"Mon frère se disait : "c'est bien, il fréquente des policiers""
À l'époque, la plupart de ses amis ne se doutent de rien, pas plus que son propre frère. "Il voyait souvent des voitures de police à la maison, alors mon frère se disait : "c'est bien, je suis rassuré, il a de bonnes fréquentations, il ne fera pas de bêtises". Il était sur les fesses le jour où il a appris mon histoire", glisse Alain Chémédikian, 72 ans, qui veut envoyer un message à travers ce livre écrit par Frédéric Ploquin.
"Dire qu'on a des regrets, c'est trop facile. Mais je veux dire aux autres : "ne prenez pas ce chemin, c'est du gâchis". J'ai vu mes enfants grandir aux parloirs, on fait du mal à sa famille. Il vaut mieux avoir 20 euros et être libre que 100 000 euros et se faire défoncer la porte de l'appartement à 6 heures du matin par la police et partir en prison. Parce que combien j'en ai vu devenir fou, pendant mes 20 ans, dont 7 à l'isolement...", souffle-t-il, en confiant que "plusieurs jeunes" étaient venus lui demander des conseils à sa sortie. "Je leur ai répondu une seule chose : travaillez".
"Gang de flics" : disponible depuis le 16 juin. 17,90€