"Qui m'a mis cette tête de con?"
Le projet est né au moment où François Ruffin a été chargé, avec le député LREM du Rhône Bruno Bonnell, d'une mission parlementaire sur ces métiers, lui donnant l'occasion "d'aller à l'extérieur, recueillir les vies, les voix, les visages de ces femmes aux métiers à la fois passionnants et durs", puis de "ramener ça à l'intérieur, à l'Assemblée nationale".
Le pari du film est de susciter un "discours, évidemment sur la question sociale - qu'est-ce que c'est que ces métiers-là, pourquoi il n'y a pas d'horaires, pourquoi il n'y a pas de salaires - mais aussi un discours démocratique : à quoi sert cette institution (de l'Assemblée nationale), comment elle dysfonctionne, en quoi elle n'est plus une représentation nationale", poursuit l'élu.
Résultat : un "road movie parlementaire" mettant en scène un "tandem burlesque" à la Laurel et Hardy entre l'Insoumis de gauche et l'entrepreneur Marcheur Bruno Bonnell, véritable "personnage de cinéma parce qu'on ne sait pas s'il est gentil ou pas, si on doit l'aimer ou pas", ironise François Ruffin, qui n'hésite pas à traiter le député LREM de "tête de con".
Le film montre comment les deux élus ont, malgré tout, réussi à créer une "belle histoire au niveau humain qu'on peut qualifier d'amitié" selon Bruno Bonnell. "Nous sommes passés par-dessus les barrières idéologiques et politiques", abonde François Ruffin qui souligne tout de même que la proposition de loi qu'ils ont déposée "a été rejetée par les collègues de Bruno Bonnell à l'Assemblée".
Redonner de la dignité à ces femmes
De Dieppe à Amiens en passant par Abbeville, l'improbable duo sillonne la France, y compris en plein confinement, pour donner à voir le quotidien des petites mains du soin, travailleuses précaires, souvent à temps partiel, gagnant moins que le Smic en dépit de lourdes amplitudes horaires.
"Mais on aime notre métier", insiste Martine, auxiliaire de vie sociale, 860 euros de salaire mensuel. "Moi je n'aurais pas pu", intervient alors la dame âgée dont elle s'occupe et à qui elle vient d'enfiler ses bas : "Surtout pour les toilettes", ajoute-t-elle.
Un travail de l'ombre, que la crise du Covid a subitement mis en lumière, servant de "révélateur", selon lui, au caractère indispensable de ces métiers de service.
"Le fil de la vie est maintenu grâce à elles", plaide François Ruffin, dénonçant "l'amnésie" du pouvoir face à ces femmes, alors qu'"au moment où tout s'est effondré, le gouvernement et le président se sont raccrochés à elles". Avant de déplorer que maintenant que la présidentielle est lancée "tous ces beaux discours soient oubliés".
Le documentaire a failli s'appeler "Les premières de cordée contre-attaquent". Les héroïnes du film ont préféré "Debout les femmes !"
Découvrez ici la bande annonce du film
Lors de l'avant-première à Lyon, le 8/10/21, François Ruffin et Gilles Perret évoquent leur collaboration avec Bruno Bonnell