IMMOBILIER : EN ISÈRE, LE RÊVE DEVENU CAUCHEMAR POUR CES PROPRIÉTAIRES COMPLÈTEMENT DÉPITÉS

Mardi 18 Mars - 16:00

Société

La montée de Bon Accueil, à Vienne en Isère. - © Google Street View.
Des années de galères et de désillusions. C'est ce que confient plusieurs acquéreurs ayant investi dans des programmes immobiliers de la région. De Vienne à Pont-Évêque en Isère en passant par Millery dans le Rhône, ils témoignent.

Sur le papier, tout semblait parfait. Un emplacement idéal, dans les hauteurs de Vienne. Une résidence pleine de charme, aménagée dans l'ancien Couvent Bon Accueil.

Sur le site du promoteur immobilier R2i, de jolies illustrations permettent aux acheteurs de se projeter dans "cette résidence d'exception".

Et pourtant. Quatre ans après avoir acheté sur plan leur futur appartement, certains acquéreurs s'en mordent les doigts. L'un des acheteurs a accepté de témoigner, sous couvert d'anonymat.

Retards de livraison et travaux non conformes


"Si je parle aujourd'hui, c'est pour éviter à d'autres de tomber dans le panneau. J'en ai pleuré de tout ça, parce que les nerfs sont à vif. C'est un véritable panier de crabes. Jamais on aurait pu s'imaginer ça, quatre ans en arrière."

D'après cette source, certains logements auraient dû être livrés en 2022, mais assez vite, des retards importants sont constatés.

"On nous explique que les artisans sont défaillants, que de toute façon, on n'y connait rien. Sauf qu'on apprend plus tard que si les artisans ne sont plus sur le chantier, c'est parce qu'ils n'ont pas été payés ! On parle de factures de plusieurs dizaines de milliers d'euros !"

Et ce n'est que le début. Des modifications du permis de construire sont découvertes en cours de route. Les hauteurs sous plafonds ne correspondent pas. La crèche privée, prévue dans le projet initial, n'existe plus.

"On découvre que la crèche a été redivisée en lots privatifs et revendus à des particuliers ! Et on nous dit que c'est comme ça. Cette situation a détruit des couples. C'est comme nager après un ballon qui s'éloigne, on s'épuise", souffle l'acheteur interrogé.

Une médiation annulée par le promoteur


Les propriétaires réunis en syndic sont aujourd'hui accompagnés par des avocats pour tenter de démêler ce qui peut l'être. La copropriété réclame 74.000 euros au promoteur, ce qui correspond aux charges payées alors que tous les lots n'avaient pas été livrés.

Contacté par la rédaction, le promoteur R2i dit avoir pris connaissance de notre demande de renseignements, sans apporter davantage d'éléments. La mairie de Vienne a de son côté accepté de répondre :

"Monsieur le Maire de Vienne a bien eu connaissance de ce sujet. Il s'agit là d'un contentieux entre privés. Cependant, le Maire a reçu plusieurs propriétaires et leur a proposé une médiation entre le promoteur et les acquéreurs : une réunion devait être organisée en présence des deux parties mais compte tenu de la procédure en justice menée par les acheteurs, le promoteur a souhaité annuler cette réunion. Monsieur le Maire regrette cette attitude. Néanmoins, la ville sera particulièrement attentive si ce promoteur était amené à porter un nouveau projet à Vienne."


À Millery et Pont-Évêque, la même histoire se répète


Entre temps, d'autres témoignages se sont ajoutés au premier. À commencer par cette jeune acheteuse, d'abord intéressée par le projet Bon Accueil, qui a finalement investi dans un appartement situé à Pont-Évêque.

"C'était un projet de vie", assure-t-elle, désabusée. C'était sans compter sur les retards de livraison, les malfaçons dans les travaux... "Ils ne respectent rien, ni personne", déplore la jeune femme. "Ce n'est jamais leur faute."

Censée être livrée au printemps 2024, elle sait qu'elle ne devrait pas avoir les clés de son appartement avant le mois de mai prochain.

"Cela fait deux ans que je paie un crédit pour un appartement que je n'ai pas. Je veux le dire aujourd'hui : c'était de la poudre aux yeux. J'ai la sensation d'avoir perdu plusieurs années de ma vie dans cette histoire."

À Millery aussi, Michel M. explique avoir acheté son appartement sur plan. "Un projet qui avait l'air vraiment super", se souvient-il.

Et puis les premiers désagréments. "C'était toujours la faute des artisans ou de la météo", poursuit l'acheteur, qui regrette "des finitions déplorables".

Après avoir vendu sa maison et à défaut d'avoir pu emménager dans le nouveau logement, il se retrouve à la rue. "On a eu de la chance de pouvoir être hébergés pendant près de onze mois. Ce promoteur, il est à fuir", assure Michel M., déterminé à faire connaître son calvaire.